Exceller dans la technique de son instrument va aujourd’hui de pair avec une maîtrise de son corps et de ses émotions, ce que l’on aurait appelé autrefois les passions. L’histoire des musiciens baroques nous révèle cependant une facette bien différente : nombreux étaient les querelleurs et la maniement des armes n’était pas toujours pour eux un simple passe-temps. L’un, soupçonné de meurtre dut fuir l’Italie pour des contrées plus clémentes, l’autre mourut en duel, le troisième fut froidement assassiné tandis qu’un des plus grands subit les affres d’une prison sordide. Victimes ou criminels, la violence n’était pas absente de leur vie et leur recherche d’une virtuosité inédite dans l’écriture ou l’interprétation est parfois le reflet d’autres combats.
A travers les figures de Gesualdo, Pandolfi Mealli, Stradella, Leclair, Guillemain ou Bach lui-même, nous découvrirons un autre pan de l’histoire de la musique, plus proche des maîtres du roman noir que de la légende dorée. Mais cette face cachée n’est-elle pas également une clef pertinente pour aborder leurs oeuvres ?
Camille Rancière, violon
Jean Guillaumont, viole de gambe
Nicolas Mackowiak, clavecin